Paysan de la Loire
Publié le 04/07/2015 à 09:50 / Talluto Franck
Quinze ans et plus que Jean-Michel Joly guette les aubes claires, le
temps clément et les vents propices. Oui, voilà plus de quinze ans que
d'une passion il a fait une profession. Jean-Michel Joly est aérostier
et dirige sa société Altibulle basée à l'aéroport de Roanne, route de
Combray à Saint-Léger-sur-Roanne. Comme l'intrépide Samuel Ferguson, le
personnage emblématique du roman de Jules Verne Cinq semaines en ballon,
il réalise ses rêves d'enfance à bord d'une nacelle d'osier arrimée à
une magnifique bulle de toile portée au gré des vents au-dessus de la
campagne roannaise. Ses rêves, il propose de les partager avec les
passagers qu'il embarque dans des vols longtemps préparés par la longue
expérience.
Un seul maître mot préside à son activité : la sécurité.
Deux fois par jour, il relève la météo afin de s'assurer de la
complicité des vents. Pas question de décoller s'ils sont trop forts ou
s'ils soufflent en direction des reliefs montagneux de la Madeleine. « Je dois pouvoir atterrir quand je le décide et les versants pentus sont à proscrire »,
explique-t-il. De plus, la température doit être agréable. La
montgolfière navigue en effet à des altitudes variant entre 50 et 300
mètres, et les candidats au vol doivent rapporter avec eux des souvenirs
de calme et de douceur, pas ceux d'un périple réfrigérant. Pour cette
raison, le nombre de vols est limité à une centaine environ par an. Ils
ont lieu d'avril à octobre. Jean-Michel Joly peut embarquer jusqu'à cinq
personnes dans la nacelle et aucune limite d'âge n'est imposée.
Il
donne le plus souvent rendez-vous à ses passagers, à l'aéroport, à
l'aube, quand le soleil pointe à l'horizon, mais le décollage peut aussi
avoir lieu le soir. Tout le monde est alors mis à contribution pour
déplier l'enveloppe du ballon et procéder à son gonflage grâce à l'air
chaud propulsé par un puissant brûleur. Tous ces préparatifs durent
environ une demi-heure. Alors, seulement, la montgolfière s'affranchit
de l'emprise du sol et s'élève pour, enfin, jouer avec les vents du
Roannais, évoluant à des vitesses imposées par ceux-ci, entre 12 et 20
km/h. L'altitude sera déterminée par l'aérostier qui, au terme d'un
voyage d'une heure à une heure et trente, choisira une belle pâture pour
retrouver la terre ferme, quelque part dans le Roannais. Une équipe au
sol à bord d'un véhicule récupérera alors les passagers et le matériel.
Les candidats au vol viennent de toute la France, de l'Europe et des Etats-Unis pour s'offrir (les vols sont d'ailleurs une idée de cadeau très prisée) ces instants de pur plaisir, ces moments de silence et de sentiment d'être, enfin, loin.